Il était une fois, un tout petit village perché tout en haut d'une montagne. Les habitants de ce village y vivaient paisiblement au rythme tranquille de la banlieue. Ils y étaient heureux. C'était un tout petit village, il n'y avait donc pas beaucoup de commerces, les services de base, sans plus. Par contre, les habitants, lors de récents sondages, avaient clairement indiqué leur volonté d'obtenir davantage de services et de commodités.
Le propriétaire de la station-service de ce tout petit village était bien embêté. Son principal concurrent était une grosse multinationale ayant ouvert une station-service au pied de la montagne. Étant supportée par la multinationale, économisant sur les frais de transport et œuvrant dans un grand marché, cette station-service était en mesure de vendre l'essence de 1 à 5 % moins cher que lui. Évidemment, faire venir le distributeur tout en haut de la montagne pour un seul détaillant occasionnait des frais supplémentaires.
Les villageois voyant l'essence moins chère au pied de la montagne commencèrent à délaisser la station-service au cœur du village. Il faut dire que la très grande majorité des habitants devaient descendre la montagne pour aller travailler, alors pourquoi ne pas profiter des rabais? Le petit propriétaire commença à envisager la possibilité de fermer ses portes, et discuta de cette éventualité à des amis proches. La réaction des habitants fut immédiate. Tout le village s'opposait à ce projet. Que va devenir le village sans station-service? Des pétitions circulèrent. On accusa le commerçant de tuer le village. Mais pendant ce temps, l'achalandage à sa station-service diminuait...
Voulant conserver son commerce, il travailla très fort afin d'augmenter la productivité, à contrôler les coûts, à trouver de nouveaux revenus, jusqu'à en perdre une partie de sa santé. Il réussit à refiler ces gains de productivité à ses clients, mais ce fut insuffisant. Il dut se résigner, il n'arrivait pas à vendre son essence moins cher que son concurrent.
Les habitants continuant à acheter là où le prix était le plus bas, le propriétaire dut se résoudre à fermer son commerce......FIN
Pourquoi je vous raconte cette histoire?
Parce que j'ai de la difficulté, ces temps-ci, à bien vous comprendre.
Je lis, particulièrement en Europe (i.e. France Telecom), de nombreuses critiques envers le management, les cadres, les DRH et la gestion des ressources humaines. Je lis de nombreux plaidoyers en faveur d'une gestion plus humaine. J'ai même lu une proposition pour un style de gestion basé sur....l'amour.
Vous critiquez le capitalisme, la course au profit et aux résultats, les multinationales, le stress, la pression, la concurrence, etc.
Vous êtes très sévères envers nos élites (politiciens et chefs d'entreprises).
Vous êtes ainsi lorsque vous mettez votre chapeau d'employés et/ou de citoyens et/ou de parents.
Mais qu'en est-il lorsque vous mettez votre chapeau de consommateur et/ou d'investisseurs?
Recherchez-vous les meilleurs prix? Le produit le mieux conçu? Les produits les plus performants? Le meilleur service à la clientèle? Un portefeuille de placement performant? Un fonds de pension dans le premier quartile?
Qu'elle est l'impact de ces demandes sur la gestion des entreprises, sur les ressources humaines, sur les patrons et les employés?
Seriez-vous prêts à diminuer vos exigences afin d'enlever de la pression dans le système?
Seriez-vous prêt à payer votre essence plus cher pour encourager le détaillant local?
Seriez-vous prêts à ce que votre portefeuille REER soit moins performant afin que les entreprises puissent diminuer leurs objectifs?
Je vous écoute, je vous comprends, mais j'ai de la difficulté à concilier toutes ces demandes.
Nous ne pouvons nous dissocier des problèmes actuels, car ils sont créés par la pression que nous mettons collectivement sur le système. Ceux-là mêmes qui critiquent les modes de gestion actuels y contribuent bien souvent eux-mêmes alors qu'ils prennent connaissance du rendement de leur caisse de retraite ou dès lors qu'ils négocient le prix de leur prochain véhicule.
L'incohérence de nos demandes associées à nos différents rôles dans la société contribue à mettre davantage de pression dans le système. Je crois qu'il est important de le réaliser avant de s'empresser trouver des coupables et de leur jeter la pierre.
9 commentaires:
Je n'ai qu'un mot à dire :
BRAVO
Peut être deux :
FELICITATIONS
Tellement vrai , mais j'ai l'impression que nous allons continuer à jouer les autruches .
Super article =)
Bravo ! Très pertinent !
Mais hélas, il est difficile de changer des habitudes. Beaucoup ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, et ce, souvent de manière égoïste.
comment faire prendre conscience de tout cela aux "consommateurs" ? Si vous êtes chef d'entreprise, du moins en france, on verra en vous non pas la volonté de rendre service, mais celle de vous enrichir.
Il fallait oser le dire. cela va encore faire du buzz.
Bravo. Si je peux me permettre cela me fait penser à "notre volonté collective d'oeuvrer pour la protection de la planéte mais si vous devez produire de l'électricité éolienne monter les loin de chez moi".
Dans le cadre de mon activité j'ai connu le même cas d'une épicerie de campagne ....
Le Gestionnaire,
à mon tour de te dire Bravo! La gestion des ressources humaines dans un contexte de compétition à armes inégales relève bien du défit.
Mais je crois qu'il ne faut pas baisser les bras trop vite. La productivité, ce n'est pas un processus douleureux ou un effet spontané du hasard.
Dans un contexte où la valeur du dollars augmente, nos entrepreneurs jouent trop facilement les victimes.
Un article de La Presse est très éloquent à cet égard:
Faire la piastre avec le dollars
Merci à tous pour vos bons mots, c'est très apprécié!
@Guillaume Maison:
Bonjour et bienvenue dans cette espace virtuel.
Avant de songer à modifier nos habitudes, si au moins, on est en mesure de prendre conscience que tout n'est pas blanc ou noir et que chacun contribue, à sa façon, à cette spirale, les bases du début d'un changement durable seront en place.
Merci pour votre commentaire.
@Jean-Luc:
ET bien......«buzzons!»
@Bruno:
Effectivement, le fameux syndrome NIMBY (Not In My Backward)
A+
@Jackss:
Baisser les bras? Jamais!
;)
* Back Yard *
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