On a beau travailler dans des bureaux baignés par la musique du temps des Fêtes, difficile de ne pas ressentir que les temps sont aussi, très durs. Un simple aperçu des nouvelles financières de la journée permet de le confirmer. Encore aujourd’hui de nouveaux scandales sont apparus, de nouvelles fraudes et de nouvelles mises-à-pied. A ce rythme, j’ai bien peur qu’on deviennent complètement désensibilisés.
Par contre, une nouvelle attire particulièrement mon attention. On y confirme le paiement par Siemens d’approximativement 1,3 millions de dollars à la justice allemande et américaine. Il est reproché à Siemens d’avoir utilisé la corruption afin d'obtenir des contrats. Plus précisément:
«Selon les autorités américaines, Siemens avait utilisé diverses caisses noires et transporté des valises pleines de billets pour rémunérer des responsables susceptibles de lui obtenir des contrats en Argentine, au Bangladesh, en Irak et au Venezuela.
"Il et clair que pour nombre d'opérations (de Siemens) à travers la planète, la corruption était rien moins qu'une procédure de routine", a assuré le ministre de la justice adjoint américain, Matthew Friedrich, dans un communiqué.
Une responsable de la SEC, Linda Chatman Thomsen, a précisé que les pratiques de corruption de Siemens étaient "sans précédent en termes d'étendue géographique".»
Nous conviendrons tous que la corruption afin d’obtenir des contrats est une pratique déloyale et inacceptable. Les actions de Siemens sont tout à fait condamnables. Cette partie de l’équation est évidente. Mais qu’en est-il des entreprises qui ont des relations avec Siemens? Ses clients? Ses fournisseurs? Ses créanciers? etc….
Dans un tel univers, l’éthique, être un bon citoyen corporatif, avoir de saines règles de gouvernance, gérer rigoureusement les risques et se doter de valeurs organisationnelles sont des caractéristiques très recherchées et ce, autant de la part des consommateurs que des investisseurs. À cet égard, plusieurs organisations publicisent leurs démarches en ce sens.
À titre d’illustration prenons l’exemple de Bombardier. Sur leur site web vous pouvez prendre connaissance de l’énoncé des pratiques en matière de gouvernance ainsi que de l’énoncé de la responsabilité d’entreprise. À cet égard notez que:
«Notre code d'éthique et de conduite, publié pour la première fois à la fin des années 1970, fait en sorte que nos activités sont conformes à des normes éthiques élevées, tout en encourageant la diversité des employés et l'égalité des chances.»
Par contre, le plus difficile n’est pas de publier de tels énoncés mais d’être en cohérence avec ceux-ci et ce, à tout moment. Les anglophones disent: «walk the talk» pour illustrer le tout.
Alors, que dire de la nouvelle parue le 17 novembre 2008 nous apprenant que Bombardier venait de décrocher un contrat de 214M$, de la part de ……..Siemens!
Ci-bas un extrait du code d’éthique et de conduite de Bombardier qui traite spécifiquement de la corruption:
«…il est interdit aux
employés de Bombardier, ainsi qu’à ses fournisseurs,
partenaires et autres tiers, par exemple des agents, de
verser un paiement illicite ou d’approuver le versement d’un
paiement illicite à qui que ce soit, et en quelque
circonstance que ce soit.» p.18
Attention, je n’insinue et n’affirme aucunement que Bombardier ait obtenu ce contrat de façon illicite. Par contre, le fait d’accepter un contrat de la part d’une entreprise venant d’admettre avoir utilisé la corruption dans l’obtention de certains contrats est-il en cohérence avec les valeurs organisationnelles de Bombardier? Et si oui, que devrait faire Bombardier dans une telle situation?
En outre, si la compagnie ne fait rien, comment sera perçu cette non-réaction par le marché? Les investisseurs? Les médias? Le public?
Ce faisant, y-a-t-il dissonance avec les valeurs organisationnelles?
La question est ouverte…..
2 commentaires:
Tes billets sont toujours fort intéressants et fort bien documentés.
@Jackss: Merci beaucoup, tes commentaires me font très plaisir. :D
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