jeudi 17 juin 2010

Les problèmes de conciliation travail-famille sont-ils le fait de patrons inhumains?

angry boss

« La conciliation travail-famille ne concerne pas seulement les mères. Selon un sondage Workopolis, 71 % des pères se sentent coupables lorsque leurs responsabilités professionnelles prennent le dessus sur leur obligation familiale.

 

S’ils avaient le choix, 56 % accepteraient volontiers une réduction de salaire de 10 % pour pouvoir passer 10 % plus de temps à la maison avec les enfants.

La moitié des pères (49 %) seraient prêts à changer d’emploi si on leur offrait une meilleure conciliation travail-famille.»

«Les entreprises devraient se rendre compte que leurs employés sont de vraies personnes avec de vrais besoins; qu'ils sont humains et non pas seulement des ressources humaines», a indiqué Mario Bottone, vice-président de Workopolis.»

Source: Les Affaires

Sondage intéressant qui démontre plusieurs choses. Tout d'abord, que les pères sont de plus en plus impliqués avec les enfants et que le partage des responsabilités familiales tend graduellement vers un meilleur équilibre.

Les travailleurs réalisent qu'il n'y a pas que l'argent qui compte, la qualité de vie et la conciliation du travail avec les autres responsabilités (de la vie) constitue un objectif à atteindre.

La dernière statistique me laisse perplexe, il me semble que 49% c'est bien peu, toutes choses étant égales par ailleurs. Mais, bon, peut-être que la façon de poser la question biaise le résultat....

Étant père de quatre jeunes enfants je suis plus que sensible aux questions de conciliation travail-famille. Croyez-moi! Par contre, je suis inconfortable lorsque je prends connaissance de la déclaration de M. Bottone.

Je ne nie pas qu'il existe de mauvais patrons qui se fichent éperdument de leurs employés. Je ne nie pas que le cas de France Telecom rend toute la France fort critique envers le management mais, peut-on s'entendre qu'il s'agit de l'exception et non de la règle? La très grande majorité des entreprises traitent humainement les membres de leur équipe. Affirmer que les entreprises devraient se rendre compte que leurs employés sont des humains permet une formule-choc, mais ne croyez-vous pas que la réalité est plus complexe? Plus subtile?

L'entreprise est elle-même confrontée à plusieurs contraintes. Entre le désir de traiter le plus humainement possible les employés et les contraintes de toutes natures il y a des accommodements qui ne sont pas toujours si simples à effectuer.

Ce que l'on ne semble pas vouloir dire ouvertement c'est que plusieurs gestionnaires/entrepreneurs voudraient bien permettre une meilleure conciliation travail-famille. Le problème c'est qu'ils n'arrivent tout simplement pas à trouver les accommodements requis afin d'y arriver, et ce, en fonction des autres contraintes organisationnelles. Assoyez-vous quelques instants dans le siège du patron, ne serait-ce que quelques heures et vous verrez que c'est beaucoup moins simple qu'il n'y paraît.

Nous sommes à une époque ou l'économie est mondialisée, où la concurrence est vive. Avant de mettre en place des mesures de conciliation travail-famille encore faut-il être capable d'assurer la pérennité de l'organisation, car, sans entreprise, plus d'emploi et donc.....rien à concilier. Si le patron ne sait pas comment répondre aux demandes (parfois incompatibles) des employés, des actionnaires, des clients, etc... il aura possiblement le réflexe de maintenir le statu quo.

Malheureusement, plusieurs personnes considèrent les entreprises comme étant éternelles, et ce, malgré plusieurs exemples démontrant la fragilité d'entreprises que l'on croyait pourtant solides. (GM. Steinberg, etc.)

La capacité des entreprises à mettre en place des mesures dépend aussi du type d'entreprise et de l'industrie dans laquelle elle évolue. L'organisation doit écouter la voix du client afin d'assurer sa survie, comment concilier les besoins des employés et les besoins des clients lorsque ceux-ci désirent être desservis le soir et les week-ends par exemple?

À cette question certains sauteront sur l'opportunité d'appeler à l'intervention gouvernementale et à plus de réglementation....interdisons l'ouverture des commerces le dimanche! Ce que ces gens ne semblent pas comprendre c'est que le problème ne provient pas de l'offre, mais bien de la demande. Si les consommateurs désirent obtenir un produit ou un service le dimanche et que les commerces locaux sont fermés ce jour-là, que feront-ils? Fort possible qu'ils procéderont à leur achat quand même par le biais du web. Dans une économie numérique et mondialisée, il existe plusieurs options possibles.

Alors, arrêtons de pointer du doigt les patrons, la société, les gouvernements et que sais-je encore. La solution passe par un partenariat, un dialogue sincère entre les différentes parties prenantes afin de comprendre les besoins et les contraintes de chacun dans le but de développer des solutions innovatrices assurant la performance et la pérennité des organisations tout en maximisant la satisfaction et la mobilisation des employés.

Croire qu'il s'agit simplement que les patrons réalisent que les employés sont humains afin de régler des problèmes aussi complexes me semble bien.....utopique.

Source de l'image: Tyleroxendine

 

1 commentaire:

Unknown a dit...

Bonjour,

Il y a une chose dont il faut tenir compte, à tout le moins dans la mentalité française - en tout cas, je le perçois comme tel, c'est qu'il existe un très fort et très enraciné sentiment d'anti-patron. Le terme caricatural est "Salaud d'patron".

Ce n'est pas anodin, même si faux. Mais le sentiment général est là que tous les patrons ne sont là que pour s'en mettre plein les poches au détriment de leurs employés. Ce qui ne correspond pas au cas général, mais on parle toujours plus des minorités qui choquent que des majorités silencieuses.

A la suite de ce sentiment communément rencontré, il y a donc deux camps qui s'opposent, les patrons d'un côté les salariés de l'autre. Ou, encore une fois, c'est l'image qui est donnée. Et donc le sentiment que beaucoup de l'organisation du travail est du fait du patron et de lui seul, sorte d'omnipotent dans l'espace professionnel, maître chanteur, sournois et fourbe.

Travaillant avec des TPE/PME, dans des secteurs variés, si beaucoup de patrons ou dirigeants sont fermes et dirigent ou organisent, beaucoup ont énormément de bienveillance et de compassion envers leurs salariés.

A ce titre, je pense qu'il faut distinguer les grandes entreprises (que vous citez telles France Télécom, GM, ...) des TPE/PME qui ont une gestion du personnel bien particulières et beaucoup plus humaines. Encore une fois,dans le cas général et non dans le cas de minorités qui deviennent très "médiatiques" pour nourrir le sentiment anti-patron décrit au début.

Cordialement,