Nous sommes à la mi-décembre et c’est, pour ma part, la période de l’année la plus exigeante. S’assurer que le sprint final nous permettra d’atteindre nos objectifs annuels tout en préparant le plan de match pour 2010 procure le sentiment d’occuper deux emplois à la fois,
Pourtant, c’est aussi l’une des périodes les plus stimulantes, car elle demande un temps de réflexion. En effet, comment planifier adéquatement et correctement les stratégies à déployer sans une lecture objective des grandes tendances et de l’évolution de l’environnement externe?
Période faste, exigeante, exténuante, passionnante….
Les enfants seront en congés dès lundi prochain et voulant profiter au maximum de leur présence je m’octroierai des vacances au cours des deux prochaines semaines. Excellente idée familialement parlant, certes, mais idée qui rétrécie d’autant l’échéancier de fin d’année.
Bref, tout ça pour vous mettre en contexte quant à mon état mental lorsque je m’installe afin de rédiger le billet prévu pour le 17 décembre. Je m’assois, entreprends ma petite routine de générations d’idées….mais……panne totale!
En fait, c’est faux, ce n’est pas à proprement parler un vrai «blank».
J’ai plein d’idées, mais pas vraiment en lien avec la gestion, quoique….
Ma tête est pleine. Pleine de questionnements. Des questions issues de mon analyse de l’environnement externe. Des questions qui me laissent perplexe et qui pointent toutes dans la même direction. J’essaie de me projeter dans le temps et je me heurte constamment au fait que notre société est de plus en plus obnubilée par l’instantanéité…..
….et je me dis que, finalement, la gestion de la génération Y, et bien, c’est probablement de la petite bière au regard de ce qui nous attend.
Les réseaux sociaux et particulièrement Twitter, jumelés à la montée fulgurante des technologies mobiles avec les «smartphones» créent un environnement où la vitesse à laquelle l’information circule est surmultipliée. Et là, je ne parle pas de l’information dans le sens traditionnel du terme, mais bien de l’information 360 degrés. Un nouvel incendie qui se déclare, un accident, un attentat ou tout bonnement le fait que Mme Gingras décide de manger un smoked meat au restaurant du coin de la rue ou encore que Pierre Jean Jacques trouve la nouvelle publicité de Microsoft totalement géniale.
Tout est information et tout est instantané.
Ajoutez à la recette une tasse de «wannabe». Tout à coup, tout devient possible. De «nobody» la veille, il est maintenant possible de devenir la vedette du jour. À preuve, les émissions de télé-réalité ou encore cette femme qui tweet en direct l’incendie l’autre coté de la rue. Le lendemain matin, son «exposure» fut maximal. Au début de l’après-midi, c’était déjà un vieux dossier.
Je savais que beaucoup de gens rêvent de sortir de l’ombre, mais j’ai vraiment réalisé à quel point c’était important comme phénomène lors du match du centenaire du Canadien de Montréal.
Je suis à regarder les cérémonies d’avant-match lorsque je vois l’animateur de télévision qui interviewe Yvan Cournoyer. En arrière-plan, des gens circulent…mais…je vois aussi trois guignols qui parlent au téléphone cellulaire en sautant et en faisant de grands signes en guise de salutations à la caméra.
Je les imagine en train d’appeler un ami :
«Hey regarde à RDS là, je suis là, hey! Coucou! Coucou c’est moi! Hey je suis en direct, hey!»
!!??
Comment, dans le futur, concilier cette instantanéité avec ce qu’est vraiment la vie?
Comment expliquer aux futurs étudiants qu’un baccalauréat ça ne s’obtient pas l’instant d’un Tweet?
Comment les futurs entrepreneurs pourront-ils accepter le fait que le succès en affaires est un long chemin parsemé d’embûches?
Comment accepter de travailler pour réussir, de persévérer, de faire face aux difficultés quand d’un simple clic il est possible de changer d’emploi?
Comment réaliser des projets à long terme dans un tel contexte?
Mais plus fondamentalement, d’un point de vue de gestionnaire, comment mobiliser une équipe autour d’objectifs de moyen/long terme dans ce contexte social?
La question vous est lancée. En espérant que vos réponses soient éclairantes, mais surtout, que vous répondiez RAPIDEMENT!
4 commentaires:
Wow... la question est complexe et la réponse probablement tout autant, sinon plus.
En vérité, étant papa de deux jeunes petits monstres d'âge préscolaire, je me pose les mêmes questions. Déjà, dans leur comportement, je vois cette tendance du tout tout de suite et sans trop d'efforts. Je crois, et il s'agit d’une opinion très personnelle, que dans la société en générale et à l'école on prône directement ou indirectement la facilité (nivellement par le bas). Je ne crois pas que revenir à la règle de bois serait une bonne chose mais je crois que le pendule est passé d’un extrême et qu’il se dirige vers l’autre. Pour y remédier, il faut renverser cette tendance en montrant aux enfants et aux jeunes en général le concept de valorisation personnel et collectif par l'effort accompli (et qu’il s’agisse d’une réussite ou d’un échec). Concrètement, à la maison, je tente de renforcer les comportements où ma fille et mon gars font preuve d’effort et de travail – marcher de la maison au parc tout seul, de temps en temps monter seul la côte où l’on glisse l’hiver, prendre le temps de construire un château avec des blocs, nous aider dans la préparation des repas, etc.
Je crois que l’identité d’un individu est beaucoup trop reliée à ses avoirs plutôt qu’à ses réalisations. Il est difficile dans un commentaire de quelques lignes de ne pas tomber dans les clichés en caractères gras mais je dirais que ça reste tout de même le centre de mes réflexions.
Jean-Philippe
Chapeau pour le billet qui touche au coeur de ce qu'est notre monde actuel et à en devenir.
Personnellement, je n'ai pas de solution, mais juste un constat; tout ceci n'est pas arrêté, mais est bien en constante évolution.
J'ai bien hâte de voir ce que vont faire et être la génération de mes filles. Ils sont dans le bain des technos, de l'instantanéité, des informations jetables, des modes qui durent l'instant d'un hashtag.
Je ne serais vous expliquer pourquoi, mais j'ai le sentiment que ce mouvement va emmener les gens à tendre vers une sorte de rapprochement, vers une unité globale. Vers un resserrement des liens.
Mais l'effet inverse est tout aussi probable qui sait... CHACUN-POUR-SOI. Isolement. Dépression, car plus aucun buts. Un grand vide...
Bravo les gars. Bravo de "tirer la plug" au profit de vos enfants. Ils grandissent déjà trop rapidement. Avec des papas comme vous, la relève s'annonce géniale.
Je partage votre questionnement sur cette euphorie de l'instantanéité. Je pense qu'elle couvre un grand malaise: la solitude et la peur de l'engagement.
Comme le précise si bien Pierre Fraser dans son livre "Le Flux", l'interaction n'est pas de la communication.
Pour construire des relations, il faut prendre le temps: d'écouter, d'être là tout simplement, de rire ensemble, de lire des billets comme celui-ci, d'y réfléchir et d'y répondre.
Le temps est ce que nous avons de plus précieux et de plus limité sur cette terre. Il est un puissant indice de ce que nous considérons comme ayant de la valeur dans nos amours comme dans nos affaires.
Ce midi, j'ai pris le temps de dîner avec mon fils. Je pars bientôt gâter mon amoureuse ce soir. Ce sont des moments uniques et précieux à chaque fois.
Je vous souhaite donc de nombreux moments de bonheur et de réjouissance avec vos familles respectives dans les prochains jours.
Je vous souhaite que 2010 soit des plus profitables à tous les points de vue pour vous et pour vos enfants.
Je me souhaite de vous rencontrer offline pour mieux connaître ces pères sensibles et performants.
Cordialement!
@Jean-Philippe:
Bonjour et bienvenue sur Le Gestionnaire Borg.
Merci de nous faire part de votre réflexion sur la question. Je vois que vous partagez plusieurs des mes préoccupations.
Je ne savais pas que vous aviez un blogue, j'y suis maintenant abonné.
:)
Au plaisir!
@Steve Mindsix:
Très heureux de te retrouver ici!
J'espère que ton sentiment se réalisera. Ce sera peut-être le cas car à voir les réactions à ce billet il semble bien qu'individuellement nous en tirons les mêmes conclusions.
Maintenant, est-ce collectivement nous y changeront quelques chose?
Au plaisir!
@Luc Gendron:
Bonjour Luc,
Merci d'être passé et d'avoir laissé ce très beau commentaire plein de sagesse.
Je te retourne les bons voeux en espérant avoir l'occasion de te croiser lors d'un yulbiz ou d'un focus20.
A+
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