jeudi 29 avril 2010

Comment se porte le gestionnaire en vous?

best boss

Vous est-il déjà arrivé de critiquer votre patron? Un dirigeant d'entreprise? Quelqu'un en situation d'autorité?

Probablement que nous l'avons tous fait un jour ou l'autre.

Nous sommes très critiques envers ceux qui nous dirigent qu'ils soient gestionnaires, politiciens, et autres. Vous n'avez qu'à lire les journaux pour vous en convaincre.

On a qu'à tendre l'oreille un tant soit peu pour entendre des commentaires tels que:

« Moi si j'étais à leur place je ferais ceci, cela...»

« Ils devraient procéder de cette façon....»

« Cette décision n'a aucun sens...»

Etc....

D'ailleurs, vous êtes plusieurs à ne pas vouloir devenir patron.

Mais vous, lorsque c'est vous le patron, lorsque c'est vous qui êtes aux commandes, êtes-vous un bon patron? Faites-vous les choses de la bonne façon? Êtes-vous aussi exigeant et critique envers vous-même que vous l'êtes envers les autres?

Certains d'entres-vous rétorquerons: «Mais je ne suis pas patron moi?».

Mais si vous l'êtes. Nous sommes tous patrons ou en situation d'autorité quelque part. Que ce soit au travail, par rapport aux enfants, au sein d'une association, d'un regroupement, comme coach d'une équipe dans le sport amateur ou autres. Mais même si ces exemples ne s'appliquent pas à vous, vous êtes tout de même patron, CEO, président de.....votre vie!!

Gérez-vous votre vie de façon satisfaisante? Êtes-vous aussi critique envers vous (dans le rôle du patron) que vous l'êtes envers votre patron au travail?

Vu sous cet angle, vous conviendrez avec moi qu'être patron, responsable, et/ou en situation d'autorité n'est pas chose facile.

En fait, du point de vue de celui qui commente les actions du managers la difficulté réside dans la capacité; du critique; à se mettre dans la peau du gestionnaire. Les situations de gestion sont complexes. La nature même de l'humain nous amène à évaluer une situation selon notre point de vue et nos intérêts propres. Ainsi, nous pouvons être en désaccord avec une décision particulière, car elle va à l'encontre de nos intérêts. Par contre, une telle analyse rétrécit grandement l'angle sous lequel la situation est évaluée. Avant de juger d'une situation, il est impératif de prendre du recul, de se mettre dans la position du décideur et d'évaluer les différentes variables en jeu. Sans ce recul, notre critique n'est en fait qu'un porte-voix à nos propres intérêts et ne représente probablement pas la meilleure décision de gestion en l'espèce.

Ce qui m'amène à la quadrature du cercle pour le gestionnaire, soit d'être en mesure de prendre la meilleure décision qui soit en fonction des différentes parties prenantes. Une décision qui aura l'aval des employés sera-t-elle perçue de la même façon de la part des actionnaires? De clients?

Pas si facile de naviguer dans un univers où les différentes parties prenantes possèdent des intérêts pas toujours et pas si souvent convergents.

Par contre, très facile de critiquer sans avoir apprécié la complexité de la situation.

Je vous entends déjà commenter en me faisant remarquer que tout cela est bien beau, mais qu'il est rare qu'un gestionnaire prenne ce recul et prenne une décision de gestion objective et alignée sur les enjeux de l'organisation tout en tenant compte des intérêts des parties prenantes. Qu'il existe beaucoup de patrons qui utilisent leur pouvoir afin de prendre des décisions qui les avantages personnellement.

C'est vrai, je ne le nie pas. Le patron, le gestionnaire, le dirigeant d'entreprise sont, avant tout, des humains. Et comme je le mentionnais, la nature humaine nous pousse naturellement, consciemment ou non dans le sens de nos intérêts.

Par contre, quelle est votre propre évaluation de vous-même en tant que patron? Lorsque vous êtes en situation d'autorité? Lorsque c'est vous le coach? Lorsque vous êtes dans le siège du conducteur? Le CEO de votre propre vie. Prenez-vous toujours les meilleures décisions? Prenez-vous toujours des décisions qui tiennent compte des intérêts des différentes parties prenantes? Êtes-vous toujours un bon, un excellent gestionnaire? Probablement que non, en tout cas, pour ma part je ne suis pas en mesure de répondre oui à ces questions.

Si vous êtes comme moi, alors, comment être plus exigeant envers les gens en position d'autorité qu'envers vous-même? Au lieu de critiquer et/ou commenter les décisions pourquoi, ne pas faire valoir respectueusement votre point de vue et aider les gestionnaires à mieux manager?

Source de l'image: Kumar appaiah

 

7 commentaires:

Unknown a dit...

Bonjour,

Je pense qu'un gestionnaire le moins pire est celui qui saura faire preuve de cette légère schizophrénie consistant à mélanger celui qui dispose d'informations que l'on qualifiera d'objectives (au travers de tableaux de bords par exemple), celui qui met en avant ses intérêts personnels, celui qui met en avant l'intérêt collectif, celui qui ménage ses "supérieurs" (incluant les actionnaires) et celui qui "rien-du-tout-je-suis-pas-là-c'est-pas-moi-je-suis-une-autruche-poum-la-tete-la-première".

Pour répondre à la question du billet, je dirais que celui qui se trouve en moi est psychologiquement en déséquilibre permanent, certains "moi" plus prégnants que d'autres à certains moments.

Quand je dois prendre une décision, à ce moment précis, je la prendrai en fonction de ces données factuelles et objectives, mais également avec ce soupçon d'égotisme, de "moi-je", d'envie ou de répulsion, bref de tout ce qui peut constituer également l'intuition.

Lorsqu'il s'agit de prendre une décision, est-ce la décision ou assumer les conséquences de cette décision qui est le plus important ? Qu'est-ce qui fait un bon patron ? Celui qui prend les décisions ou celui qui est capable de les assumer ?

Unknown a dit...

@Guillaume Maison:

Merci pour votre intéressant témoignage.

J'aime bien les images que vous employez.

Pour répondre à vos questions, personnellement je crois qu'un bon patron est celui qui prend, le plus souvent possible, les meilleures décisions et qui les assument toujours.

Mais, qu'est-ce qu'une bonne décision? Selon moi il s'agit d'une décision qui permet la réalisation de la mission de l'organisation, qui tend vers la vision d'entreprise et qui est en adéquation avec les valeurs et la culture organisationnelle.

Qu'en pensez-vous?

Le pèlerin a dit...

je prépare un article sur la congruence qui me rappelle que la bonne décision est celle qui est en accord avec moi-même et avec les valeurs de l'organisation. (ça tombe bien, c'est les mêmes). L'important est de ne jamais trahir les valeurs fondamentales de l'organisation, celles pour lesquelles on se bat tout les jours car la crédibilité prendrait un coup. D'où la nécessité de formaliser l'expression de ces valeurs et de les communiquer en indiquant qu'elles sont intangibles.

Unknown a dit...

@Gestionnaire Borg

J'aime bien cette définition de la juste décision : celle qui permet la réalisation de la mission de l'organisation.

Une entreprise peut être vue comme étant construite sur des cycles de processus qui se répètent et le savoir-faire nécessaire à la réalisation de ces processus mais dans des contextes, de fait, différents

Ainsi, un bon patron serait celui qui va prendre les décisions pour maintenir, entretenir la succession de cycles et de processus, dans le déséquilibre permanent des contextes différents. Sa capacité à assumer les conséquences de ses décisions est souvent le garant de ce maintien, de cet entretien, de la persistance de l'organisation.

Je serais moins affirmatif quant à la vision d'entreprise et l'adéquation et les valeurs. Elles me semblent trop subjectives, ponctuelles et, les déséquilibres contextuels aidant, pouvoir entrer en contradiction avec une décision permettant la réalisation de la mission de l'organisation. Les valeurs d'une entreprise, la culture d'une entreprise peuvent changer au cours de son évolution, sans préjuger moralement de ce ou ces changements.

Ceci me semble toutefois qu'une vision parcellaire du bon patron gestionnaire. N'y a-t-il pas des considérations supplémentaires, basées sur l'humain, sur son sens relationnel et qui ne relève pas du paradigme du patron décisionnaire, même si elles peuvent influer ses décisions ?

@ jean luc
Existe-t-il des contextes où la décision adéquate peut aller à l'encontre de la culture et des valeurs de l'entreprise ?

Unknown a dit...

@jean-luc:

J'ai bien hâte de lire cet article sur la congruence, j'ai l'impression que je vais bien aimer. :)

@Guillaume Maison:

Vos questions sont intéressantes!

Pour ma part je suis d'avis qu'il est tout à fait possible et même nécessaire d'opérationnaliser les valeurs en comportements observables. Par la suite il est possible de mesurer, valoriser, et faire vivre ces comportements au sein de l'organisation afin de constituer une culture organisationnelle qui soit forte.

Cette culture devenant le ciment aux différents processus via une cohérence organisationnelle forte.

Le sens rationnel du gestionnaire importes, certes, mais ce rationnel est fonction du cadre de référence dans lequel il évolue.

Je laisse le soin à Jean-Luc de répondre à votre autre question.

Salutations,

Unknown a dit...

@ Gestionnaire Borg : je comprends un peu mieux cet aspect culture et valeurs.

A l'instar de la congruence dont parle jean luc, et dont j'attends également avec impatience le billet, les valeurs et la culture d'une entreprise sont à la fois le contexte de la mission de l'organisation ainsi que les règles d'exécution de cette mission.

ici se trouve un billet intéressant donnant un point de vue sur cette culture Culture Organisationnelle (Isabelle Genest).

Donc, si je devais reprendre ce que j'ai dit plus haut, un bon patron serait celui qui prend les bonnes décisions pour la réalisation de la mission de l'entreprise, dans le cadre et le respect des valeurs de l'entreprise.

Merci à vous pour l'établissement de mes nouveaux processus mentaux :)

Unknown a dit...

@Guillaume Maison:

Merci beaucoup pour le lien vers le billet de Mme Genest et pour vos interventions qui permettent de pousser plus loin la réflexion.