Comment réagir lorsque l’on obtient une promotion importante, en tant que gestionnaire, chez notre employeur actuel? Pensez à la nomination de Pierre Gauthier en tant que DG des Canadiens de Montréal pour vous inspirer, il y a là des enseignements intéressants.
Difficile pour moi de passer sous le silence les événements de la semaine au sein du Canadien de Montréal. Je sais, vous n’êtes pas tous fans de hockey. Je sais, il y a l’Antichambre, l’Attaque à cinq, la Zone, CKAC…Il me semble que l’on en a parlé bien assez me direz-vous? Mais, qu’avons-nous à donner autant de place au hockey? Il y a des problèmes bien plus importants de par le monde.
Oui, tout ça est vrai, mais, que voulez-vous, j’ai été élevé à l’ombre de la Sainte-Flanelle. Il ne faut pas m’en vouloir.
Par contre, pour ma part, il y a, bien sûr, la nouvelle « hockey », mais il y a aussi plusieurs liens à faire avec le management et les communications. Donc, si ces domaines vous intéressent vous devriez y trouver votre compte.
En effet, il est intéressant d’analyser la façon dont la transition a été effectuée et surtout, les réponses fournies par Pierre Gauthier le jour de sa nomination.
Il y a toutes sortes de spéculations autour des raisons réelles du départ de Bob Gainey et je ne suis évidemment pas dans le secret des Dieux. Par contre, démission ou congédiement déguisé, ce qui est clair, c’est que la direction du Canadien a permis à M. Gainey de partir la tête haute et de quitter en bons termes avec l’organisation. De plus, la nomination de Pierre Gauthier, l’adjoint de Bob Gainey depuis plusieurs années indiquent clairement que le changement s’inscrit dans la continuité. Ce n’est donc pas un désaveu de l’ère Gainey. C'est un changement, certes, mais nous sommes loin d’un virage à 180 degrés.
Dans le monde des affaires, le remplacement d’un CEO par son VP finance ne sera pas interprété par les marchés de la même façon que si ce même CEO est remplacé par un «outsider». Le « message » lancé par l’organisation est fort différent d’une situation à l’autre.
Il en est de même avec le Canadien.
Il importe de mettre en contexte le fait que Pierre Gauthier a été, pendant de nombreuses années le bras droit de Bob Gainey. Bien évidemment, les deux hommes ont dû avoir, comme nous tous, leurs points de désaccord. Dire que l’un est le clone de l’autre est nécessairement exagéré. Par contre, lorsque des gestionnaires travaillent en étroite collaboration pendant plusieurs années, sans nécessairement être toujours en accord, nous pouvons affirmer, sans trop nous tromper, qu’ils partagent des valeurs communes et que ces valeurs représentent aussi celles de l’organisation.
En ce sens, sans affirmer que la venue de Pierre Gauthier ne changera absolument rien, nous devrions nous retrouver en terrain connu.
D’autre part, lors de la nomination de M. Gauthier les journalistes se sont empressés de le bombarder de questions, c’est évidemment leur travail. Mais honnêtement, que pouvait bien leur dire Pierre Gauthier?
Car franchement, avouons qu’il se retrouvait dans une situation relativement délicate. Tout d’abord, il ne pouvait pas désavouer publiquement les décisions antérieures de l’organisation. Il y était après tout! Bien sûr que M. Gauthier n’était pas toujours en parfait accord avec M. Gainey, mais en tant que membre de la direction il a une obligation de solidarité envers les décisions prises.
Lorsqu’un dossier est apporté pour discussions, les membres de la direction débattent, donnent leur avis, mais en bout de piste c’est le DG qui tranche. Une fois la décision prise, les cadres doivent demeurer solidaires de cette décision. Par contre, à la limite, si un gestionnaire est la plupart du temps en désaccord avec les décisions prisent c’est qu’il ne partage pas les valeurs de l’organisation et il y a fort à parier que ce manager finira par quitter.
En l’espèce, Pierre Gauthier étant demeuré plusieurs années avec le Canadien, il ne peut nier qu’il en partage les valeurs et il doit demeurer solidaire des décisions antérieures. Dans ce contexte, impossible pour lui de se dissocier de ce que M. Gainey a fait. Il ne pouvait que répondre…ce qu’il a répondu. C’était sa seule et unique option surtout dans le contexte où M. Gainey ne quitte pas en conflit ouvert avec l’organisation.
Le problème avec cette réponse dite de « solidarité » est qu’il est extrêmement difficile pour M. Gauthier, dans ce contexte, de démontrer ce qu’il apportera de mieux, de plus, de différent que son prédécesseur puisqu’il ne peut s’en dissocier. Et puis, simplement au plan stratégique, même si Pierre Gauthier envisage des changements drastiques il ne pouvait pas non plus trop ouvrir son jeu sans :
- - Se mettre en position de faiblesses face aux autres DG lors de négociations éventuelles;
- - Créer un sentiment d’insécurité au sein de la chambre;
- - Créer un sentiment d’insécurité auprès de ses proches collaborateurs.
Dans ce contexte, comment a-t-il réagi?
Il a affirmé que les solutions devaient venir de l’intérieur de l’équipe actuelle et qu’il faisait pleinement confiance au personnel en place. Ce faisant, il est solidaire des décisions passées et il calme le jeu. Est-ce que ces déclarations représentent réellement le fond de sa pensée? Pas nécessairement. Peut-être que oui, peut-être que non, seul l'avenir nous le dira.
Cet exemple est très intéressant, car vous serez vous-même peut-être appelé, au cours de votre carrière, à remplacer un leader au sein d’une organisation. Si cela vous arrive, repensez à la nomination de Pierre Gauthier, car, comme vous le voyez, la façon d’aborder la question est fort différente que vous proveniez de l’externe ou de l’interne.
1 commentaire:
Tu ne peux cacher que tu aimes le hockey GB. Ça ne prouve qu'une chose: tu as les 2 pieds sur terre.
Je ne suis pas un fervent du hockey, mais j'aime toujurs t'en entendre parler. Je souris à tout coup.
Tes commentaires subséquents sont très pertinents. Tu as dit: Par contre, lorsque des gestionnaires travaillent en étroite collaboration pendant plusieurs années, sans nécessairement être toujours en accord, nous pouvons affirmer, sans trop nous tromper, qu’ils partagent des valeurs communes et que ces valeurs représentent aussi celles de l’organisation.
J'ai travaillé à la CSST, au moment où Mme Forget (Conseil du Trésor il y a quelque temps) était présidente. Ses vp était Gilles Taillon (à l'ADQ plus tard), mme Lise Thibault (plus tard Gouverneure générale), Pierre Schedler et un peu plus tard une autre vp fut nommée. C'était la conjointe de Jean-Luc Mongrain.
Quand on regarde le parcours et les liens de tout ce beau monde, on peut voir que des gens d'horizons divers, avec des visions divergentes peuvent être de très proches associés à un moment où la conjoncture est favorable. Le passé n'est pas toujours garant de l'avenir.
Publier un commentaire