mercredi 8 avril 2009

Doit-on abolir les machines à café au bureau?

gossip

Pour une majorité de gestionnaires, les rumeurs représentent une externalité négative inhérente à la vie de bureau. Présente à même l’ADN du tissu social de l’organisation, les rumeurs sont organiques et créent du bruit et de l’interférence face aux efforts officiels de communication.

Au début de ma carrière comme manager je considérais les rumeurs comme l’ennemi numéro un, le criminel que je devais traquer, enrayer, annihiler. Mon manque d’expérience me faisant croire que j’arriverais à dompter la bête. J’étais le boss et, de ce fait, c’est mon message qui devait vivre dans l’organisation! Je déployais maints efforts afin d’enrayer ce vice organisationnel. Voyant que je n’y arrivais pas, je pestais contre la nature humaine. Pourquoi tant de gens prennent plaisir à nourrir « les discussions de cuisines »? Pourquoi est-ce si difficile d’évaluer les différents points de vue avant de se faire une opinion? Pourquoi les gens ne discutent pas directement avec le principal intéressé plutôt que de faire des suppositions, des hypothèses des projections plus fausses les unes que les autres? Pourquoi le «second guessing» existe-t-il?

Pourquoi?

Pourquoi?

Mais au fond, la vraie question à se poser c’est plutôt pourquoi vouloir savoir pourquoi? Bien qu’il soit intéressant de discuter de ces questions entres amis le week-end autour d’une bonne bière importée, c’est plutôt, d’un point de vue managérial, l’image de Don Quichotte affrontant les moulins qui me vient à l’esprit.

Avec l’expérience vient la sagesse et avec la sagesse vient la sérénité… ..enfin….ça viendra….il paraît.

Blague à part, avec le temps j’ai fini par accepter que la rumeur fasse partie de mon quotidien. Non seulement je ne suis pas en mesure de l’enrayer mais au surplus j’aime maintenant la sentir près de moi.

La rumeur est un formidable outil de gestion en ce sens qu’elle permet de recueillir énormément d’informations sur l’entreprise. Par exemple, en y étant attentif vous pourrez mieux comprendre :

  • Comment fonctionne les réseaux informels dans votre organisation;
  • Qui a du pouvoir? Du leadership?
  • Quels sont les préoccupations des membres de votre équipe?
  • Quels sont leurs attentes?
  • Quels sont les mythes, préjugés, symboles, légendes qui circulent dans votre organisation;
  • Quel est l’efficacité de votre communication sur différents sujets,
  • Etc.

La liste pourrait être longue.

En fonction de ces informations vous serez en mesure de réajuster votre diagnostic organisationnel et modifier vos pratiques de gestion en conséquence. En outre, vous serez plus à même de communiquer adéquatement et d’adapter le tir rapidement si la situation l’exige.

La rumeur est votre alliée, elle vous parle, écoutez-là!

N’essayez pas de l’enrayer mais par contre, assurez-vous qu’elle se déploie dans un cadre qui soit acceptable aux vues des valeurs de votre firme.

Vous verrez, vous ne pourrez plus vous en passer! ;)

Image: Flickr

2 commentaires:

Yves Carignan a dit...

Tu as bien raison ! J'adore gérer dans les rumeurs et la communication ouverte aide à mieux la comprendre et à agir rapidement.

Je me sers quotidiennement de la rumeur afin d'aligner mes axes de communication et je discute fréquemment avec les gens de mon équipe (facile dans la PME mais autre chose lorsque vous avez 200 employés et plus).

"Roll with the punches" gruge moins d'énergie que d'empêcher l'autre de frapper !!!

À bientôt !

Unknown a dit...

@Yves Carignan: Merci pour votre commentaire. C'est intéressant de voir que vous gérez aussi de cette façon.

Concernant votre allusion aux défis de communication d'une PME vs la grande entreprise, il serait plaisant d'avoir le commentaire d'un lecteur provenant d'une grande entreprise pour comparer son vécu.

Au plaisir!