Lire l’actualité et comprendre l’actualité sont deux choses distinctes. Cette affirmation est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit d’informations de nature économique à propos d’entreprises cotées en bourse. Encore plus lorsque cette information provient de la compagnie même ou de personnes qui lui sont apparentée.
Afin d’illustrer mon propos, laissez-moi vous présenter un exemple flagrant d’informations qui laissent, à tout le moins……songeur?
Je vais vous présenter deux nouvelles économiques, apparues sur cyberpresse à moins de trente minutes d’intervalles mardi le 18 novembre 2008 et qui semblent pointer dans deux directions complètement opposées.
Tout d’abord, voyez cet article. On nous informe que les résultats financiers de Home Depot au troisième trimestre de 2008 sont en baisse. La situation économique actuelle affecte durement le quincailler. Par contre, les résultats sont tout de même supérieurs aux attentes du marché.
L’entreprise explique ses résultats de la façon suivante:
««Étant donné le ralenti continu de l'économie dans les marchés de l'immobilier et du bricolage ainsi que les conditions macroéconomiques négatives», le groupe considère maintenant que les ventes de l'exercice 2008 pourraient baisser de 8%.»
Une fois la lecture de la nouvelle terminée on se dit que tout ça fait plein de sens. Les États-Unis sont frappés plus rapidement que nous par le ralentissement économique. Les problèmes immobiliers et financiers plongent le pays dans une récession. Qui dit récession dit baisse des revenus et donc baisse des dépenses des consommateurs. Par extension les ménages reportent à plus tard certains projets et effectuent moins ou pas de rénovations durant la récession…..….ce qui explique la baisse du bénéfice de Home Depot. C’est logique.
Passons à la nouvelle suivante.
Cette fois-ci, cyberpresse nous présente une nouvelle sur Canadian Tire. En voici l’essentiel:
«Canadian Tire ne craint pas trop la récession, car le détaillant s'attend à une augmentation des travaux de bricolage.
C'est un gros marché pour la chaîne de magasins qui dessert justement les bricoleurs, avec ses produits pour l'auto et la maison.
Non seulement le détaillant compte sur des bricoleurs plus actifs, mais aussi qui devront s'alimenter.»
Comme nous le savons, normalement, le Canada devrait lui aussi entrer en récession, si ce n’est d’ailleurs, déjà fait.
Par contre, les dirigeants de Canadian Tire, semblent croire que contrairement à ce qui se passe pour Home Depot, l’impact de la récession ne sera pas de faire diminuer les projets de bricolage mais plutôt de les augmenter??!!
C’est bien beau de croire que les gens feront plus par eux-mêmes mais normalement, la logique économique nous enseigne plutôt que les gens reporteront ces projets, tout simplement. Évidemment, tout dépend en fait de l’intensité de ladite récession.
Selon-vous, sommes-nous face à deux entreprises avec une lecture complètement différente de l’environnement externe ou bien Canadian Tire essaie de rassurer les investisseurs en portant des lunettes tellement rose qu’un flamand n’y paraitrait même pas?
De deux choses l’une, ou bien la lecture de l’environnement externe est déficiente ou bien c’est la stratégie de communication qui l’est. Dans les deux cas, ce n’est pas positif.
Concernant le fait que les bricoleurs doivent s’alimenter, l’article fait ici référence à la nouvelle stratégie de Canadian Tire relativement à l’extension de la gamme de produits offerts. Pour plus de détails sur ce que j’en pense, c’est par ici.
Deux articles, deux visions complètement différentes.
Conclusion: Ne vous départissez jamais de votre esprit critique lorsque vous êtes à la recherche d’informations, c’est l’un de vos meilleur allié.
2 commentaires:
Lire l’actualité et comprendre l’actualité sont deux choses distinctes
Bravo! C'est la meilleure analyse que j'ai vu cette année. J'ai remarqué depuis longtemps que l'information financière était défaillante.
Dans le même bulletin de nouvelles, on parlait continuellement des problèmes liées à la non compétités de nos entreprises à cause de la trop forte valeur de notre devise. Dans le même bulletin, à quelques minutes d'avis, on disait qu'on manquait de main-d'oeuvre dans tous les domaines.
On a même dit que l'on devait faire venir de la main d'oeuvre d'Afrique pour débrousailler nos forêts. On leur payait un an de formation pour faire le boulot.
Cnaque fois que j'entends une information financière, je me demande à qui profite l'information.
Ton information est la plud géniale, la plus honnête et la plus perspicace que j'ai entendue.
@Jackss: Salut! Très content de te retrouver dans cet espace virtuel. Bienvenue! Merci pour les commentaires, c'est très apprécié. :D
Se demander à qui profite l'information, d'où vient-elle, qui la commente et le contexte dans lequel elle se retrouve sont des questions essentielles à se poser.
Mais ne t'en fais pas trop, on en est pas à un paradoxe près, surtout pas en ces temps de crise. ;)
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