J’aurais pu inclure ce billet dans ma série «Tranche de bureau» mais après mûre réflexion j’ai eu envie de traiter de ce sujet dans un cadre plus large.
Le point de départ provient d’une discussion anodine avec un collègue de bureau sur l’heure du lunch. Celui-ci me faisait part de ses ennuis de santé en m’informant, au passage, qu’il devra subir une intervention chirurgicale. Par contre, le système de santé québécois étant ce qu’il est, il ne connaît pas la date de l’opération puisqu’il est présentement sur une liste d’attente. Puis, bombant le torse, il me dit qu’il est chanceux dans sa malchance car connaissant la personne qui prend les rendez-vous pour le médecin il a pu être inscrit plus haut dans la liste?!
Le problème, c’est que depuis un mois, cela fait au moins cinq personnes qui me raconte à peu près la même histoire. Des fois on connaît le médecin, des fois une infirmière, une autre fois c’est le directeur du service mais ce qui est constant c’est que l’on a obtenu un passe-droit.
Au surplus, le premier cas dont je vous faisais mention n’a pu, finalement, être opéré à la date prévue. Pourquoi? Tout simplement parce que le médecin a, semble-t-il, été dans l’obligation de prioriser certains patients pour qui le délai médicalement acceptable était dépassé. Oupssss….
Je vous parle des listes d’attentes en vue d’interventions chirurgicales mais je pourrais appliquer la même argumentation relativement aux listes d’attente en vue d’obtenir une place en garderie. N’importe qui gravitant de près ou de loin des CPE sait fort bien que la gestion des listes d’attente dans ce domaine est plus qu’approximative. Réseau de contacts, statut social, âge de l’enfant, comportement de l’enfant, autant de critères permettant de classer le rang des enfants dans la liste.
Vous ne me croyez pas?
Vous voulez un autre exemple?
Prenons le cas des pédiatres. Essayez de trouver un pédiatre qui accepte de prendre votre enfant dans sa clientèle juste pour voir. Bonne chance! Tout comme pour les médecins de famille, il y a pénurie en la matière. Une chance que le taux de natalité est bas au Québec car je ne sais pas comment on y arriverait…. Bref.
Ma conjointe ayant rencontrée un pédiatre qu’elle trouvait compétent et sympathique désirait dorénavant qu’il puisse suivre nos enfants. On s’enquiert donc auprès du personnel médical de la réputation dudit pédiatre. Irréprochable, compétent et très apprécié. Parfait!
Nous profitons de sa visite pour lui demander s’il acceptait de nouveaux patients. Sa réponse fut que sa clientèle était complète. Par contre, une infirmière nous ayant suggéré d’insister, nous décidâmes de tenter notre chance de nouveau. Voyant notre insistance, le pédiatre fut plus réceptif et finit par accepter. Le problème c’est qu’avant de le faire il nous soumit à une batterie de questions. Combien d’enfants, scolarité des parents, professions de parents, endroit où nous habitons, etc. Même en entrevue de sélection les questions ne sont pas aussi personnelles. Nous venions d’être «sélectionnés»
À tout ceux qui s’opposent avec véhémence à la venue du privé dans le domaine de la santé je vous soumet la réflexion suivante :
L’argumentation à l’encontre du privé tient souvent au fait que, ce faisant, nous diminuerions l’accessibilité aux soins de santé et que nous introduirions des iniquités liées à la condition socio-économique des individus. Dit plus directement, les riches seraient avantagés au détriment des pauvres.
Par contre, en fonction de ce que j’observe, c’est précisément ce qui se produit actuellement, seul le motif de discrimination change.
Au lieu de désavantager les gens avec de plus grands moyens financiers nous favorisons ceux qui ont un meilleur réseau de contacts et de plus grandes habiletés politiques.
Est-ce mieux? Je ne crois pas.
Comprenez-moi bien, mon objectif n’est pas de démontrer la nécessité d’introduire plus de privé dans le système de santé. Mon objectif est plutôt de vous démontrer qu’à vouloir être le plus équitable possible on réalise, dans les faits, complètement le contraire……
2 commentaires:
Tu as tout à fait raison,
Quand j'était gestionnaire à la CSST, l'organisme avait proposer de louer les salles d'opération la nuit, d'assurer tous les coûts et payer plus cher les médecins. Ce fut refusé au nom du principe de l'égalité pour tous.
Autre exemple. J'étais allé voir mon médecin de famille. J'étais au bureau de la secrétaire. Quelqu'un voulait un rendez-vous. Il n'y avait aucune possibilité à court terme. Il a demandé si on pourrait le contacter en cas d'annulation. La secrétaire a dit que c'était interdit par le gouvernement chacun ayant des quotas. Quand on dit que le problème est un manque de médecins, c'est donc faux. On refuse que les médecins travaillent autant qu'ils seraient prêts à le faire.
On ferme volontairement les salles d'opération alors que des médecins seraient disponibles pour opérer.
@Jackss:.....l'égalité pour tous de ne pas se faire opérer?! Duh!
Quant à ton deuxième exemple il est plus que percutant!
Si les lecteurs ont d'autres exemples en tête, n'hésitez pas, je crois que ça pourrais être intéressant....
Ne vous gênez pas...il n'y a pas de quotas ici....;)
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